Résumé du livre Chasseur, Cueilleur, Parent
Antonin, le lundi 19 août 2024
Ce livre sur la parentalité écrit par Michaeleen Doucleff est une petite pépite. En voici le résumé...
Si vous cherchiez des ressources pratiques pour adoper une méthode d’éducation non-violente pour vos enfants, Chasseur, Cueilleur, Parent va vous étonner et vous faire du bien
Michaeleen Doucleff avait de nombreux problèmes avec sa petite fille Rosy de 3 ans, qui la frappait, ne participait pas aux tâches, faisait des scandales à plusieurs moments de la journée dont l’heure du coucher, et j’en passe.
il y a des chances que vous ayez déjà ressenti la même chose que mon mari et moi: un besoin désespéré de conseils et d’outils plus pertinents.
Après toutes ces tentatives, elle décide d’abandonner sa carrière de biochimie pour se consacrer uniquement à trouver la solution à ses problèmes de parents. Voyage au bout du monde pour découvrir les Inuits, les Mayas, les Hadzas afin de voir comment les peuples premiers éduquent leurs enfants
Les mères mayas sont maîtresses dans l’art d’élever des enfants serviables. Elles ont développé une forme sophistiquée de collaboration qui enseigne aux membres d’une fratrie non seulement la bonne entente, mais aussi l’art de travailler ensemble. Les parents hadza sont les experts mondiaux pour élever des enfants confiants et autonomes; l’anxiété et la dépression qu’on observe dans nos sociétés occidentales n’existent pas dans les communautés hadza. Et les Inuits ont développé une approche remarquablement efficace pour apprendre aux enfants l’intelligence émotionnelle, notamment en matière de maîtrise de la colère et de respect mutuel.
Elle décide d’aller vivre avec ces parents chasseur-cueilleurs pour apprendre leurs méthodes d’éducation, puis elle va les tester sur sa propre fille.
Sa découverte ? Les parents occidentaux ont tendance à exercer un contrôle excessif, ou au contraire à laisser trop de libertés aux enfants, ce qui rend leurs enfants plus anxieux et moins préparés à l’autonomie : les enfants pénibles deviennent ensuite des ados anxieux1
Table des matières :
- Ce que l’auteur propose
- En pratique
- Comment éduquer sans punition ni récompenses ?
- Comment apprendre quelque chose à l’enfant sans le contrôler ?
- Comment cesser de se mettre en colère ou d’enquiquiner
- Comment interpréter les actes des enfants ?
- Quelles compétences doit-on apprendre aux enfants ?
- Comment apprendre aux enfants à accomplir volontairement des tâches domestiques ?
- Quelles tâches donner aux enfants ?
- Quelles limites ?
- Et en cas de danger ?
- Boîte à Idées (en vrac)
- Mettre l’enfant dehors si il fait une crise
- Ne pas faire la leçon à vif, attendre le calme.
- Raconter des histoires pour modeler leur comportement
- Expliquez-leur les conséquences de leurs actes plutôt que de leur donner des ordres
- Utilisez le jeu théâtral pour que les enfants comprennent la portée de leurs actes
- Arrêtez de laisser le choix et agissez directement
- Le jour de la famille
- Faire des trucs cool avec ses enfants
- Trouver un temps de pause
Ce que l’auteur propose
Exit donc l’autoritarisme, Exit aussi la “liberté” façon enfant-roi.
Bienvenue la méthode TEAM, où la famille est au centre des activités des enfants comme des parents. TEAM veut dire : Tendre camaraderie, Encouragements, Autonomie, Minimum d’ingerence.
Voici un exemple de la méthode TEAM utilisée pour aider son enfant à trouver le sommeil :
- Tendre camaraderie: nous nous couchions ensemble.
- Encouragements: j’encourageais Rosy à aller dormir plutôt que de la forcer à une heure imposée. (en commençant par elle-même, en disant devant Rosy “Je suis fatiguée, je vais donc me coucher“)
- Autonomie: Rosy décidait seule du moment de monter se coucher.
- Minimum d’ingérence: plutôt que de contrôler le comportement de Rosy, je faisais le minimum nécessaire pour l’aider à acquérir une compétence précieuse dans la vie.
TEAM c’est aussi :
- Beaucoup d’activités centrées sur la famille
- Les parents vaquent à leurs occupations naturelles et l’enfant est toujours bienvenue pour se joindre à eux
- Donc les enfants apprennent à devenir des adultes, petit à petit
- Les centres d’intérêt des enfants ne sont plus en contradiction avec ceux de la famille
- Les enfants aident les parents à réaliser leurs tâches
- Si la tâche est trop difficile pour l’enfant, le parent propose une tâche plus adaptée à ses compétences actuelles
Qu’est-ce que ça implique ?
- Plus besoin de devoir pousser ou tirer l’enfant, c’est lui qui est maître
- Les parents attendent de l’enfant qu’il aide aux activités de la famille, car ils en montrent l’exemple et encouragent en ce sens.
- Le parent se met en retrait et observe l’enfant, plutôt que de dire quoi faire ou faire à sa place, il est “à l’écoute” de son enfant et utilise uniquement la parole quand nécessaire pour avancer.
- Le parent donne le minimum d’instructions, et n’en donne que quelques unes par heure maximum, comme “Amène ce pot sur le balcon”
- On ne s’embête pas avec trop de politesses, les ordres simples sont les mieux compris de tous (dits avec amour)
- Plus besoin de trouver des activités centrées sur l’enfant, car le parent a confiance dans la capacité de l’enfant à s’occuper tout seul et se distraire
- En accueillant les enfants dans le monde des adultes sans restriction (y compris le travail), vous leur confirmez qu’ils font partie de l’équipe familiale «Les parents n’ont pas besoin de savoir jouer avec leurs enfants. Si on implique les enfants dans les activités des adultes, ils considèrent ces activités comme du jeu.»
- On remplace les punitions et les récompenses par une autre source de motivation : l’ardeur que met l’enfant à faire partie intégrante de la famille et à travailler en équipe
- On évite les punitions et les récompenses/compliments, car elles détruisent le sentiment d’autonomie (voir les études d’Edwad Deci sur la motivation intrinsèque) et aussi car elles engendrent un climat de compétition stérile dans la famille
- Le besoin d’appartenance de l’enfant est suffisant pour le motiver
- Le besoin de compétence (de grandir) est aussi une grande source de motivation
- Le besoin de comprendre le sens de ses actions est aussi une grande source de motivation. Il faut expliquer aux enfants en quoi leur participation est d’une grande aide pour toute la famille.
- Le respect de l’autonomie est l’objectif de l’éducation, donc les punitions et les récompenses ne sont pas adaptées.
En pratique
Comment éduquer sans punition ni récompenses ?
Reconnaissance directe du travail
Remplacez vos compliments par la reconnaissance de son travail
je me montre reconnaissante de sa contribution, non par des mots mais par des actions. Une fois qu’elle a terminé sa brochette, je la prends et la pose dans le plat avec les autres. Et cette reconnaissance porte ses fruits. Rosy me sourit et se lance dans une nouvelle brochette.
Si ce n’est pas possible d’accepter telle quelle la proposition de l’enfant, on peut montrer de la gratitude (“Merci de m’avoir aidé” ou “C’est une bonne idée” ou “Oui, on peut, on peut”) et puis laisser l’idée murir plutôt que de l’exclure immédiatement
Un simple «c’est une bonne idée» suffit parfois pour que l’enfant se sente inclus et motivé, même si vous ne comptez pas du tout appliquer son idée. Un parent maya dira «uts xan», ce qui signifie littéralement «c’est bien aussi». Un adulte interpréterait cette réponse comme un «je ne suis pas d’accord». Mais aux yeux d’un enfant, c’est comme une approbation.
Célébrer la progression de l’enfant et son appartenance à la famille
On peut célébrer les avancées de l’enfant avec ce qui ressemble à des récompenses, mais elles célébrent simplement la progression de l’enfant, elles ne sont pas agitées comme une source de motivation :
on accord à l’enfant de petits plaisirs, par exemple «en préparant un repas qui sort de l’ordinaire ou en achetant à l’enfant quelque chose d’utile, comme des sous-vêtements».
Les félicitations sont toujours possibles, mais elles sont là pour exprimer la reconnaissance et célébrer la progression de l’enfant. Elles ne sont pas agitées comme une source de motivation (on ne propose jamais un deal du genre “si tu fais XXX alors tu auras YYY”) :
Dans de nombreuses cultures, les parents expriment leur reconnaissance en reliant la participation des enfants à une certaine maturité, au fait de «devenir grand» et aux prémices d’un apprentissage. Par exemple, une mère raconte à Lucia et ses collègues comment elle se montre reconnaissante de l’aide de son fils à la maison: «Quand il fait correctement ce qu’il a à faire, je lui dis simplement “Oh, mon fils, tu sais déjà faire [la tâche]” et ça le rend très heureux.» D’autres mères disent «féliciter» un enfant d’avoir «grandi» à mesure que sa contribution augmente à la maison.
Célébrer la maturité de l’enfant et sa participation dans la famille le motive énormément car ça répond à son besoin d’appartenance et de grandir. Quelques exemples de célébrations :
- «Tu commences vraiment à bien nous aider»
- «Tu es en train de devenir une grande fille et tu participes aux tâches familiales».
- Faire un câlin à son enfant tout en lui faisant remarquer la «maturité de son rôle au sein de la famille».
Le besoin de grandir de l’enfant est une source de motivation sans fin qu’on peut exploiter :
En Arctique, une mère inuite relie le fait de taper son petit frère à l’idée d’être «un bébé», tandis que se montrer gentil et généreux est associé au fait de «ne pas être un bébé». Cet outil est d’une telle efficacité
Si un enfant prend l’initiative de s’occuper volontairement d’une tâche domestique, reconnaissez à quel point il a grandi et progressé en disant quelque chose comme: «Oh, tu commences à savoir comment participer» ou «Tu as rangé tes jouets parce que tu es une grande fille».
Donner du sens aux actions de l’enfant
Il faut toujours expliquer le sens des actions de l’enfant, et la valeur ajoutée que ça a pour toute la famille.
Si l’enfant ne participe pas assez, on peut responsabiliser l’enfant en lui disant “Tu dois faire plus d’efforts” :
Cette approche fonctionne bien avec Rosy, en particulier quand elle voit que je suis fatiguée et débordée. Je lui dis: «Rosy, ton père et moi travaillons dur pour rendre cette maison agréable pour tout le monde. Nous faisons de notre mieux. En tant que membre de la famille, tu dois toi aussi travailler dur et faire de ton mieux.»
Menacer des conséquences naturelles
Si vous devez avoir recours à la menace, faites en sorte que la punition se rapproche le plus possible d’une conséquence naturelle plausible. Par exemple, il m’arrive de dire à Rosy: «Si on ne nettoie pas la cuisine, des fourmis vont venir envahir le plan de travail. Veux-tu avoir des fourmis dans ta nourriture?» Ou bien: «Si on ne lave pas ta boîte à goûter, tu devras manger dans une boîte sale et puante demain. C’est ce que tu veux?»
Laisser l’enfant accomplir la tâche
Laissez-le faire à sa façon, c’est très motivant :
Si l’enfant se met à l’œuvre, ne l’arrêtez pas. Au contraire, soyez attentif et observez comment il essaie de participer. Puis réfléchissez à une manière de vous inspirer de sa contribution ou d’améliorer légèrement son travail. Quoi que vous fassiez, résistez à l’envie de vous y opposer. Réfrénez votre désir d’ingérence ou la tentation de modifier la solution qu’il propose. Si vous vous mettez en retrait et laissez l’enfant «prendre le contrôle» de cette tâche, il sera beaucoup plus motivé
S’il trouve des moyens de le faire en s’amusant c’est encore plus motivant :
Je ne suis pas une grande adepte de l’idée de rendre les tâches «marrantes» ou d’en faire un jeu. Je n’ai pas l’énergie pour tenir très longtemps et je n’aime pas me comporter comme un enfant de 3 ans. Mais si Rosy invente une manière de rendre une tâche plus ludique, je ne l’en empêche pas. Au contraire, je suis attentive à son idée ou à sa participation et j’essaie de m’en inspirer. Un après-midi, par exemple, alors que nous étendions du linge, elle se mit à lancer les vêtements à travers la véranda. Je décidai donc d’intégrer son «jeu» à la tâche. Je lui dis: «Mets-toi près de la corde à linge et je vais te lancer les vêtements à étendre.» Elle a adoré! Elle voulait qu’on continue de se lancer les vêtements. Le linge a fini par être étendu. Cela a pris un peu plus de temps, mais sa motivation pour la lessive a monté en flèche. Maintenant, il lui arrive de venir en courant quand je l’appelle et nous avons intégré l’idée du «lancer» à d’autres tâches, comme le rangement de Lego ou de livres. Je lui dis: «Rosy, tiens-toi près de la bibliothèque, je vais te lancer les livres.» Ça lui donne vraiment envie d’aider!
Comment apprendre quelque chose à l’enfant sans le contrôler ?
Lui donner des occasions de PRATIQUER
Donnez aux enfants, en particulier aux plus jeunes, des tas d’occasions d’aider et de coopérer à la maison. Assignez-leur des tâches, invitez-les à observer et encouragez leur désir de participer
“Viens, mon petit. Aide-moi à faire la vaisselle.” C’est toujours une invitation à faire les choses ensemble, à effectuer ensemble telle ou telle tâche.
MONTRER L’EXEMPLE
Donnez aux enfants leur carte de membre. Immergez-les dans votre vie quotidienne afin qu’ils apprennent progressivement les tâches à effectuer en vous observant et qu’ils se sentent faire partie intégrante de la famille
assurez-vous que les jeunes enfants aient un accès régulier et prévisible aux tâches quotidiennes. Évitez de les envoyer jouer dehors ou dans une autre pièce. Invitez-les plutôt à vous rejoindre et à rester près de vous pendant que vous vous activez.
ENCOURAGER (un peu, si nécessaire, comme au début par exemple)
Quand un enfant essaie d’aider, acceptez sa contribution et valorisez ses idées. Respectez son point de vue. Lorsqu’un enfant est en train d’apprendre une valeur, dites-le-lui. Mettez le doigt sur la présence (ou l’absence) de cette valeur dans les actions des autres. Associez son apprentissage au fait de devenir «plus grand» et plus mature.
Si un enfant demande à vous aider, laissez-le faire! Si la tâche est simple, mettez-vous en retrait et laissez-le tenter le coup. Ne lui donnez pas de consignes; vos paroles sont comme des cours magistraux, qui les embrouillent par-dessus le marché. Observez ce que fait l’enfant et inspirez-vous de ses efforts. S’il commence à faire des dégâts ou à faire n’importe quoi, guidez-le gentiment pour l’aider à être productif. Par exemple, dans la communauté maya de Chiapas, le petit Beto de 2 ans veut aider sa grand-mère à écosser les haricots, mais il est maladroit. Le garçonnet attrape une poignée de haricots et les jette à la poubelle. Sa grand-mère le reprend et lui montre la bonne méthode. Elle prend les haricots de la main de l’enfant avant qu’il ait le temps de les jeter et lui explique qu’on ne jette pas le haricot entier. Si Beto l’ignore, elle répète ses conseils. Si une tâche est d’un niveau trop avancé – ou trop dangereuse – pour le degré de compétences d’un enfant, détendez-vous. Restez calme. Inutile de l’effrayer. Dites à l’enfant de vous regarder pendant que vous effectuez cette tâche. Par exemple, pendant qu’une mère maya fait frire les tortillas, elle dit à son enfant: «Regarde et tu apprendras.» Ou trouvez une façon de le faire participer en toute sécurité. Par exemple, Rosy me tient le plat pendant que je sors le poulet du four ou ajoute le sel et l’huile dans la casserole de pâtes.
Comment cesser de se mettre en colère ou d’enquiquiner
La règle d’or de l’éducation chez les Inuits: «Ne jamais crier contre un enfant». Il vaut mieux partir dehors pour respirer et faire une pause plutôt que de se mettre en colère
Quand on crie après un enfant, il cesse d’écouter.
Pour ça, on peut développer la petite voix dans notre tête qui nous pousse à marquer un temps d’arrêt avant de réagir, à nous demander: Quelles vont être les répercussions de mon action? Existe-t-il une meilleure approche?
Le café chaud s’étale en flaque sur la table ancienne. Mon cœur chavire. J’ai envie de hurler. Bon sang, Rosy! On est des invitées dans cette maison. Pourquoi ne peux-tu pas faire un peu plus attention? Mais je regarde autour de moi et personne ne réagit. Rien. Zéro. Nada. Gordon et Tusi n’ont pas levé les yeux de leur lecture. Les enfants sont toujours en train de danser. Personne ne semble remarquer que du café brûlant vient de voler à travers la pièce, causant une pagaille monstrueuse. Sally sort de la cuisine, un torchon à la main, et l’étale lentement sur le tapis, avec précaution. Elle ne crie pas, elle ne réprimande pas Rosy, mais se tourne vers Tusi et lui dit calmement: «Ton café était au mauvais endroit.»
La méditation permet de marquer ce temps plus efficacement car on a mieux conscience de ce qu’il se passe dans notre tête si on a une pratique autonome de méditation. Elle permet aussi de générer moins de colère et plus de calme.
Vos enfants aussi apprendront à gérer leur colère si vous leur montrez cet exemple.
je vois pour la première fois de ma vie une approche éducative n’impliquant pas la colère… ni les cris. Elle est transformative. Je remarque tout d’abord à quel point les adultes sont calmes et détendus. Je constate aussi le pouvoir immense de ce calme sur les enfants de la maison, y compris sur Rosy. Le résultat est presque immédiat. Sous les ailes paisibles de Sally et Maria, la boule de feu dans le ventre de Rosy s’apaise. Son angoisse se dissipe
Selon l’autrice, c’est un processus en deux étapes:
- Se taire. Rester silencieux. Ne rien dire. (Ou s’éloigner quelques secondes ou minutes s’il le faut, en laissant les enfants seuls) (Cette distanciation peut aussi permettre de communiquer à l’enfant, dans le calme, que son comportement, à ce moment précis, est inacceptable. Ignorer un enfant est un outil puissant de discipline.)
- Apprendre à ressentir moins, voire pas du tout, de colère à l’égard des enfants. (Note: je ne parle pas de contenir sa colère quand elle survient, mais plutôt de générer moins de colère en premier lieu.)
Cela vaut aussi pour tous les comportements problématiques que vous pouvez avoir (pas seulement les grosses crises de colère)
La prochaine fois que vous vous surprenez à enquiquiner votre enfant, à négocier ou à tergiverser, arrêtez. Taisez-vous. Fermez les yeux si besoin. Attendez un peu. Touchez doucement l’épaule de votre enfant et éloignez-vous.
Les émotions des enfants – et leur niveau d’énergie – reflètent celles de leurs parents. «Les émotions sont contagieuses»
Comment interpréter les actes des enfants ?
Les parents occidentaux pensent qu’il y a un problème d’autorité avec les enfants, mais c’est une interprétation faussée. Voici l’exemple :
Rosy agit souvent de la sorte. Elle exige de faire mon travail. Elle me vole la fourchette quand je bats les œufs pour le petit déjeuner. Elle s’empare du couteau quand je coupe des oignons pour le dîner. Elle attrape la gamelle du chien quand je veux le nourrir, le balai quand je balaie et mon ordinateur quand je tente d’écrire (et elle se met à taper le plus vite possible sur toutes les touches du clavier). Sans surprise, je réagis à ses accaparements de la même manière que mes parents quand j’étais enfant. Je repousse ses petites mains potelées et je lui dis d’un ton accusateur quelque chose comme: «Ne m’arrache pas les choses des mains!» Puis j’interprète ses actes et son comportement: c’est une petite fille exigeante qui veut que je lui obéisse (j’entends même la voix de ma mère dans ma tête: «Elle veut te commander, Michaeleen»).
À l’inverse, les parents autochtones interprètent l’obstination de l’enfant comme un désir de contribuer à la vie de la famille. Le seul problème, au début, c’est que l’enfant est trop jeune pour savoir comment aider à proprement parler. Mais il a seulement besoin d’apprendre.
“Quand mon fils faisait la vaisselle, au début, il mettait de l’eau absolument partout, mais je le laissais faire, parce que c’est comme ça qu’on apprend.”»
Les parents considèrent cette pagaille comme un investissement. Si vous encouragez aujourd’hui le bambin maladroit qui a vraiment envie de faire la vaisselle, il deviendra avec le temps un enfant de 9 ans habile avec le même désir d’aider, et ça fait vraiment la différence.
dans de nombreuses cultures de chasseurs-cueilleurs, dès qu’un enfant se met à marcher, les parents sollicitent son aide pour de petites sous-tâches. Avec le temps, l’enfant apprend ce qui doit être fait dans la maison. Ainsi, le nombre de requêtes diminue (au lieu d’augmenter) à mesure que l’enfant grandit. Lorsqu’il atteint la préadolescence, les adultes n’ont plus besoin de lui demander quoi que ce soit, parce que l’enfant sait déjà ce qu’il a à faire.
Changer sa façon d’interpréter permet de ressentir moins de colère
Pour éprouver moins de colère à l’égard de mon enfant, je dois changer ma façon d’interpréter ses actions et son mauvais comportement. Voici des outils pour voir les choses différemment :
Chez les Inuits, les anciens me proposèrent maintes fois ces règles pour aider les parents à garder la tête froide quand les enfants perdent la leur: • Partez du principe que les enfants se comportent mal. Attendez-vous à ce qu’ils soient grossiers, violents et autoritaires. Attendez-vous à ce qu’ils mettent la pagaille, à ce qu’ils ne fassent pas les choses correctement, à ce qu’ils soient parfois de véritables plaies. • Ne vous sentez pas visé personnellement (et ne pensez pas que vous êtes un mauvais parent). C’est tout simplement comme cela que les enfants sont conçus. Et c’est votre travail, en tant que parent, de leur apprendre à se comporter convenablement et à contrôler leurs émotions.
Acceptez que l’enfant ne soit pas autant rationnel que vous :
Si un enfant n’écoute pas, c’est parce qu’il est trop jeune pour comprendre. Il n’est pas mûr pour apprendre la leçon. – DOLOROSA NARTOK
et donc, si votre enfant ne peut pas répondre à vos attentes pour l’instant, essayez de changer son environnement, et non l’enfant.
Quelles compétences doit-on apprendre aux enfants ?
Lucia me confie que les parents inculquent à leurs enfants une compétence beaucoup plus complexe que de simplement savoir faire la vaisselle ou la lessive: ils leur apprennent à prêter attention à leur environnement, à reconnaître quand une tâche précise doit être effectuée, puis à la faire. «Ils apprennent à leurs enfants à être des membres de la famille responsables, à détecter quand quelqu’un a besoin d’aide, à être vigilants à ce qui se passe, puis à aider», me raconte Lucia. Et cela implique aussi de savoir quand ne pas aider. «Ainsi, vous ne vous mêlez pas de la cohésion du groupe ou de la direction qu’il a choisi de prendre.» «C’est une compétence à vie que de savoir lire son environnement et de savoir que faire», ajoute-t-elle.
Cette compétence – être attentif, puis agir – est une valeur et un objectif si importants pour les enfants que de nombreuses familles mexicaines ont un terme pour la désigner: on appelle cela être “acomedido”.
Comment apprendre aux enfants à accomplir volontairement des tâches domestiques ?
Chez les Mayas, un enfant qui accomplit volontairement des tâches domestiques est dit “acomedido”.
«Dès le premier jour, quand ils sont tout petits, il faut commencer à leur montrer comment aider», me confie Maria.
Apprendre à un enfant à accomplir volontairement des tâches ménagères prend des années. «Il faut leur apprendre lentement, petit à petit, et ils finissent par l’intégrer.»
Il ne suffit pas de donner des instructions orales une fois et s’attendre à ce que ça fonctionne :
il faut instruire lentement l’enfant. Il faut l’entraîner. L’enfant ne doit pas seulement comprendre comment accomplir la tâche en question, mais aussi quand la réaliser et pourquoi son aide est si bénéfique pour la famille – et pour lui-même.
Il faut donc attirer l’attention de l’enfant sur la serviabilité (ou le manque de serviabilité).
Au lieu de chanter les louanges d’un enfant qui aide sur demande, exprimez votre reconnaissance à l’égard de la serviabilité dans son ensemble. Ne surjouez pas et ne le faites pas trop fréquemment. Déclarer simplement «ça m’aide bien» suffit lorsqu’un enfant se montre acomedido ou propose son aide
Quand l’enfant (ou une autre personne) n’est pas serviable, il ne faut pas hésiter à le noter :
Lucia relate que «les parents disent souvent d’un ton sarcastique “surtout, ne sois pas trop acomedido” ou “ne nous aide pas trop, hein”. Cela indique à l’enfant qu’il doit aider.» Vous pouvez aussi le faire remarquer lorsque quelqu’un d’autre ne se montre pas acomedido. Cela aidera l’enfant à apprendre ce qu’il ne faut pas faire. […]Par exemple, un après-midi, une amie de Rosy ne nous a pas aidées à ranger après avoir joué dans notre salon. J’ai donc dit: «Ce n’était pas très acomedido. Si elle nous avait aidées, nous aurions terminé plus vite.»
Il faut éviter de réduire les tâches à un tableau de corvée (“faire la vaisselle le mardi, passer le balai le mercredi et sortir les poubelles le vendredi“), car ça apprend à l’enfant à être l’inverse d’acomedido, en lui disant: «Ta responsabilité se limite à ce qui est sur ce tableau.»
C’est contre-intuitif, mais il faut absolument confier des tâches aux tout-petits,
Pour un parent occidental comme moi, la première étape défie toute logique. Il s’agit de faire exactement l’inverse de ce que vous dicte votre intuition: confier des tâches aux membres de la famille les moins habiles du foyer.
Et il faut les laisser accomplir leur tâche, même si c’est la pagaille :
«Quoi que je fasse, Alexa veut le faire aussi. Quand je prépare des tortillas, Alexa se met à pleurer si je ne la laisse pas faire des tortillas. Et après ça, elle veut toujours passer le balai. – Comment réagis-tu? demandé-je. – Je la laisse faire les tortillas et je lui donne le balai pour qu’elle nettoie. – Et elle balaie vraiment? Et ça t’aide? – Ça n’a pas d’importance. Elle veut aider d’une manière ou d’une autre, alors je la laisse faire, me dit Maria, assise dans un hamac les mains croisées sur les genoux. – Chaque fois qu’elle veut aider, tu la laisses faire? demandé-je incrédule. Même si elle met une pagaille épouvantable? – Oui, c’est comme ça que les enfants apprennent.»
Les parents occidentaux ne veulent pas que leur enfant participe à des activités comme la cuisine, car ils gagneraient du temps à le faire eux-mêmes (et ça engendrerait moins de chaos et de nettoyage).
Les mères autochtones au Mexique font souvent l’inverse: «Elles accueillent leur aide et la demandent même», raconte Rebeca, même si l’enfant se comporte de façon brutale. S’il arrache littéralement l’outil des mains du parent pour faire le travail à sa place (ça vous rappelle quelque chose?), le parent cédera et laissera l’enfant réaliser la tâche.
Impliquer son enfant dans les tâches est la seule manière qu’il apprenne et expérimente sa place dans la famille.
Implicitement, le parent dit: «En aidant et en participant à ton niveau, tu es un membre actif de la famille.»
Pour solliciter l’envie naturelle d’aider, certains parents vont même jusqu’à rejeter intentionnellement les propositions d’aide des jeunes enfants, pour augmenter leur motivation à réaliser cette tâche par la suite !
Prenons l’exemple de Beto, un garçon de 2 ans qui veut aider son père à couler un sol en ciment, un travail trop difficile pour l’enfant. Au début, le père ignore les supplications de Beto. Puis il dit au garçon qu’il doit attendre une année de plus, il sera alors assez grand pour l’aider dans cette tâche. Le rejet implicite alimente d’autant plus le désir du garçon de participer. Il finit par attraper un outil et se met à lisser le ciment. Heureux de voir un tel enthousiasme chez son fils, le père sourit. Puis il regarde attentivement Beto et lui propose de simples rectifications: «Pas comme ça, mon bébé.» Lorsque Beto fait une grosse bêtise et pose le pied dans le ciment encore humide, le père relève l’erreur de Beto («Hé, bébé, tu as marché dedans… Tu as tout abîmé») et met un terme à la participation de Beto en lui disant que sa mère le cherche.
Quelles tâches donner aux enfants ?
La tâche doit être réelle et apporter une réelle contribution à la famille. Cette contribution n’a pas besoin d’être immense, mais elle ne doit pas être fabriquée. Par exemple, demander à un enfant de «balayer le sol» après que vous l’avez déjà fait n’est pas une tâche réelle. Un autre piège consiste à donner à l’enfant de «faux» instruments, comme de faux aliments, de faux ustensiles de cuisine ou de faux outils de jardin. Les enfants voient la différence. Ils savent qu’ils ne sont pas en train d’apprendre les «vraies» tâches.
Même un tout petit bonhomme titubant sur ses jambes peut accomplir des tâches: porter de l’eau, emprunter des allume-feu, aller chercher des feuilles, farcir le cochon…
- Faire des courses «Monte chercher du papier toilette.» «Va chercher un oreiller dans la chambre.» «Va chercher de la menthe dans le jardin.»
- Tenir ou porter des choses «Tiens la lampe pendant qu’on essaie de réparer le four.» •«Tiens l’assiette pendant qu’on retire les crêpes de la poêle.» •«Tiens la porte pendant qu’on sort les poubelles.»
- Aider en cuisine •Remuer les sauces, les pâtes à gâteau et les vinaigrettes. •Casser les œufs. •Faire mariner les viandes et poissons. •Effeuiller les herbes. •Concasser des ingrédients avec un mortier et un pilon. •Couper ou peler des légumes.
- Nettoyer rincer la vaisselle, mettre le produit dans le lave-vaisselle ou la machine à laver, nettoyer la table, passer l’aspirateur
- Être «la maman», «le papa», «la grande sœur» ou «le grand frère». Exercez-les à être gentils avec leurs frères et sœurs en leur demandant de vous passer une couche propre, de jeter les sales, de ramasser les jouets du bébé, d’amuser bébé et de lui donner à manger et même de vous aider à préparer ses repas et biberons. Si le bébé pleure, prenez un instant pour voir si l’enfant veut vous aider avant de vous précipiter pour le prendre dans vos bras.
Quelles limites ?
Il y a quand même des limites à fixer
Les parents n’acceptent pas toutes les propositions d’aide de leur enfant et ne le laissent pas non plus faire tout ce qu’il veut, au hasard. Si la tâche est d’un niveau trop avancé pour l’enfant, l’adulte ignorera sa demande ou divisera la tâche en petites sous-tâches plus accessibles. Si l’enfant commence à gâcher de précieuses ressources, le parent le guidera pour qu’il soit plus productif ou lui demandera de partir, ou simplement d’observer et d’apprendre.
Et en cas de danger ?
Le parent intervient seulement en cas de danger, et il se limite au minimum : sécuriser l’environnement, donner des conseils de sécurité adaptés, et surveiller de près :
L’un des fils montra très tôt un intérêt pour cuisiner le porc. «La mère tenait l’enfant dans ses bras pendant qu’elle cuisinait.» Parfois, elle le laissait même piquer les morceaux pour les mettre dans une assiette. «Elle disait que c’était dangereux parce qu’il aurait pu se brûler. “Je le surveillais de près”, me racontait-elle.» Mais à l’âge de 9 ans, il contribuait déjà de manière significative à l’entreprise familiale. «Il était même capable d’abattre les animaux»
Si un enfant n’est pas prêt pour effectuer une tâche, comme cuisiner sur une cuisinière chaude ou coudre avec des aiguilles pointues, ne vous alarmez pas lorsqu’il propose son aide. Dites-lui de vous observer pendant que vous accomplissez la tâche. Ou donnez-lui un véritable ustensile pour qu’il s’exerce à côté de vous. Par exemple, donnez à un enfant motivé un morceau de tissu et du fil pendant que vous cousez ou une casserole et une cuillère pour qu’il s’entraîne à remuer.
Boîte à Idées (en vrac)
Mettre l’enfant dehors si il fait une crise
«Quand un enfant demande des choses qui dépassent l’entendement, les parents mayas l’envoient dehors.»
«Quand les jeunes enfants sont hors de contrôle, c’est qu’ils ont passé trop de temps dans la maison ou dans l’igloo. Faites-les sortir quelques minutes.»
«Les petits deviennent grincheux quand ils ont passé trop de temps à l’intérieur. Alors vous les empaquetez [c’est-à-dire que vous les mettez dans un porte-bébé], et vous sortez faire un tour.»
Si vous vivez en zone urbaine avec un espace extérieur restreint, comme c’est notre cas, vous pouvez prendre le petit dans vos bras, sortir avec lui sous le porche minuscule et rester silencieux. Si vous ne pouvez pas vous empêcher de lui parler, optez pour quelque chose comme: «Tu es en sécurité. Je t’aime.»
Ne pas faire la leçon à vif, attendre le calme.
je remarquai qu’une grande partie de l’éducation des enfants, chez les Inuits, se déroulait après qu’un enfant s’était mal conduit. Pas sur le moment, pas aussitôt après, mais plus tard, quand chacun avait retrouvé son calme. Dans ces moments paisibles, les enfants sont plus ouverts à l’apprentissage, observe Eenoapik Sageatook, 89 ans, qui vit à Iqaluit au Canada. Lorsqu’un enfant est contrarié ou qu’il désobéit au parent, il porte en lui une charge émotionnelle trop forte pour écouter. Il n’y a par conséquent aucune bonne raison de lui «faire la leçon» dans ces moments-là. «Il faut garder son sang-froid et attendre que l’enfant se calme. Ensuite seulement, il pourra apprendre», explique-t-elle.
Raconter des histoires pour modeler leur comportement
Une maison peut se trouver à quelques pas seulement du glacial océan Arctique. Au printemps, un bambin peut passer au travers de la glace qui commence à fondre; en été, les courants rapides peuvent balayer un enfant et l’emporter en mer. Alors, lorsqu’un petit de 3 ans s’enfuit en courant vers les eaux glaciales, ses parents doivent bien crier pour le garder en sécurité, pas vrai? Eh bien non
«À la place, nous utilisons les histoires pour que les enfants nous obéissent.» — Goota Jaw
les parents inuits racontent des histoires pour modeler le comportement des enfants.
«Il s’agit du Qalupalik, le monstre des mers. Si un enfant marche trop près de l’eau, le Qalupalik le mettra dans son amauti [sorte de parka], l’entraînera au fond de l’océan et le fera adopter par une autre famille.»
\ Les histoires comme celles-ci abondent dans l’éducation des Inuits. Pour s’assurer que les enfants gardent leur bonnet sur la tête en hiver et évitent les engelures, les parents se servent des aurores boréales, comme le raconte Myna Ishulutak :
«Nos parents nous disaient que si nous sortions sans bonnet, les aurores boréales allaient nous arracher la tête et s’en servir comme ballon de football. Nous étions terrifiés!» s’exclame-t-elle en éclatant de rire.
Les parents inuits ont aussi recours aux histoires pour transmettre des valeurs importantes, comme le respect
L’autrice a fait bon usage des histoires :
toutes sortes de monstres se sont installés chez nous. Pour Rosy, il n’y en a jamais assez. Les contes sont devenus un outil de base dans l’éducation de Rosy. Elle les appelle «histoires à emporter» parce que l’héroïne – une petite fille d’environ 3 ans – finit souvent par se faire emporter (exactement comme les enfants celtes et inuits aux mains des chevaux aquatiques et des monstres marins) […] Grâce à ces contes, j’ai enfin l’impression de parler la même langue que Rosy. Nous arrivons enfin à communiquer sans heurts.
Utiliser l’imaginaire c’est parler la langue des enfants. le but n’est pas de terrifier l’enfant au point qu’il fasse des cauchemars. Le but est de l’inviter à réfléchir, d’encourager un comportement et d’engager une discussion au sujet d’une valeur culturelle. Si le «facteur de la peur» vous rebute, songez que, dans la culture occidentale, nous avons aussi recours à la «peur» pour modeler le comportement. Les enfants peuvent craindre la colère de leurs parents ou les punitions. Sincèrement, je préfère que Rosy ait peur du «monstre du réfrigérateur» que de moi ou de son père.
Expliquez-leur les conséquences de leurs actes plutôt que de leur donner des ordres
Vous pouvez expliquer aux enfants les conséquences de leurs actes :
Rosy se précipite sur le pont en courant et je me mets à hurler: «Attends! Ne t’approche pas du bord!» Mais avant que les mots sortent de ma bouche, Elizabeth a déjà rejoint Rosy. Elle lui prend doucement la main et lui dit calmement: «Tu pourrais tomber et te blesser.» Et c’est à ce moment-là que ça me frappe: Elizabeth et moi avons des manières complètement différentes de parler à Rosy. Mes ordres commencent presque toujours par «ne… pas»: «Ne monte pas sur cette chaise», «Ne renverse pas ton lait», «N’arrache pas ce jouet des mains du bébé», «Ne fais pas ci, ne fais pas ça». Mais Elizabeth n’utilise jamais – ou rarement – la négation. Elle, comme de nombreux parents inuits que j’ai rencontrés, adopte une approche plus fructueuse dans les ordres qu’elle émet. Les parents disent aux enfants ce qui se passera s’ils continuent à mal se comporter. Ils disent aux enfants quelles sont les conséquences de leurs actes.
Une alternative est de poser une question qui oblige l’enfant à prendre conscience :
- «Rosy, es-tu en train de faire mal au chien?» ou «Qui est méchante avec le chien?»
Si votre enfant donne une tape ou s’en prend à son frère ou sa sœur, par exemple –, le parent dit quelque chose du type «Aïe! Ça fait mal» ou «Aïe! Tu fais mal à ton frère» pour montrer à l’enfant les conséquences de son acte. Mais il ne crie pas ni ne le punit.
Utilisez le jeu théâtral pour que les enfants comprennent la portée de leurs actes
Si quelque chose a vraiment du mal à s’intégrer chez l’enfant, le jeu théâtral peut permettre à l’enfant de mieux comprendre la portée de ses actes :
Selon le récit de Jean Briggs, les parents ont recours au jeu théâtral pour faire face à tout comportement problématique ou toute transition traversée par le jeune enfant. Par exemple, si un tout-petit a du mal à partager avec ses frères et sœurs, son père mettra en scène une «pièce du partage» dans laquelle il incitera l’enfant à être cupide. «Ne partage pas ta nourriture avec ton frère», dira-t-il à son enfant pendant qu’il prend son goûter. Si l’enfant ne partage toujours pas, le père mimera les conséquences. «Tu n’aimes pas ton frère? Le pauvre, il a faim.» Le parent rejoue régulièrement la scène jusqu’à ce que l’enfant ne tombe plus dans le piège. Lorsque l’enfant se comporte correctement, le parent peut le féliciter d’un simple «regarde comme Chubby Maata est généreuse», relate Jean.
Voici un autre exemple de jeu théâtral pour évacuer les tensions au moment de se coucher :
Larry conseille d’attendre un moment calme et paisible dans la journée (pas au moment du coucher) et de dire à l’enfant quelque chose comme: «Hé, Rosy, j’ai remarqué qu’on se fâche beaucoup au moment d’aller au lit. On pourrait faire un jeu sur le coucher.» Ensuite, vous pouvez attendre de voir si l’enfant a déjà une idée de jeu en tête et la laisser l’expliquer. Si ce n’est pas le cas, demandez-lui tout simplement: «Qui veux-tu être dans le jeu? Tu veux jouer la maman et moi Rosy?» Puis, vous et l’enfant rejouez, sur un ton léger, ce qui se passe lorsqu’elle refuse d’aller se coucher et que vous vous impatientez ou vous mettez en colère. «N’ayez pas peur d’être délirant et d’exagérer à l’extrême les mauvais comportements et ses répercussions, souligne Larry. L’objectif, c’est de rire, de s’amuser et de relâcher les tensions accumulées autour de ce problème. Plus c’est délirant, mieux c’est.» Certains parents craignent de montrer le mauvais exemple. Mais, selon Larry, les enfants font très bien la différence entre le jeu et la vraie vie. «Dans ce type de jeux, l’enfant ne va pas se souvenir de l’“exemple”. Il se souviendra du lien humain, de la créativité et de la libération des tensions.»
Arrêtez de laisser le choix et agissez directement
Proposer des options génère souvent des négociations, des décisions inutiles et, au bout du compte, des larmes.
Dans la grande majorité des cultures, et depuis le début de l’histoire de l’humanité, les parents ne discutent pas avec les enfants de leur prochaine activité, ils ne débattent pas avec eux pour savoir s’ils préfèrent un sandwich au jambon ou des pâtes pour le dîner. Ils ne posent pas de questions commençant par «Veux-tu»: «Veux-tu du beurre ou de la sauce tomate dans tes pâtes?», «Veux-tu aller faire les courses avec moi?», «Veux-tu prendre un bain?». Les parents agissent. La mère prépare des haricots noirs pour le dîner; le père enfile sa veste et sort faire les courses; la grand-mère va à la salle de bains et fait couler l’eau dans la baignoire. Je pense que ce mode d’éducation est l’une des raisons majeures pour lesquelles les enfants sont si calmes dans ces cultures. Moins de paroles crée moins de résistance. Moins de paroles engendre moins de stress. Paroles et consignes sont stimulantes, elles véhiculent de l’énergie et entraînent souvent des disputes.
Le jour de la famille
Faites du samedi ou du dimanche votre jour d’adhésion familiale. Ce jour-là, tous les membres de la famille sont traités de la même manière et sont invités à pratiquer les mêmes activités. Remplacez les activités centrées sur les enfants et les divertissements réservés aux enfants (y compris les jeux et ce qu’ils regardent à la télévision et sur YouTube) par des activités centrées sur la famille et les adultes. Concentrez-vous sur l’immersion de l’enfant dans le monde des adultes. Occupez-vous de la maison, du jardin ou du bureau. Allez faire les courses ensemble.
Faire des trucs cool avec ses enfants
Faites un pique-nique dans un parc en famille ou entre amis. Allez à la pêche. Allez à la plage pour lire ou travailler pendant que les enfants jouent. Invitez des amis à dîner et impliquez les enfants dans les préparatifs: ils peuvent s’occuper des serviettes, des menus, des boissons et de tous les trucs sympas. Participez à une activité organisée par votre communauté convenant à tous les âges. Ou faites du bénévolat là où les enfants sont les bienvenus: banque alimentaire, soupe populaire, jardin partagé, groupe d’entretien des sentiers. Tout au long de la journée, essayez de vous dire: Ce n’est pas mon boulot de divertir les enfants. C’est leur boulot de faire partie de l’équipe.
Trouver un temps de pause
Prenez chaque jour un moment qui ne soit pas consacré à divertir ou à instruire vos enfants. Lancez-vous progressivement, disons cinq minutes à la fois. Puis augmentez la durée jusqu’à pouvoir le faire toute une journée, le samedi ou le dimanche.
Footnotes
-
Plus de 60% des étudiants de premier cycle disent se sentir «submergés» par l’anxiété aux USA. ↩